Catalina in Fine : Nouveau projet de médiation culturelle dans MHM

Mis à jour le 18 mai 2024
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Catalina in Fine réunit la maison de la culture Mercier, le Théâtre du Frèt et des étudiants de secondaire IV en arts plastiques et en art dramatique de l’Académie Dunton autour des thèmes de la différence, du deuil, du courage de vivre sa propre destinée et des relations intergénérationnelles.

En septembre 2021, le Théâtre du Frèt, alors en résidence à la maison de la culture Mercier,  cherchait à connaître l’opinion des adolescents sur sa nouvelle création, Catalina in Fine,afin de l’enrichir. Sous l’impulsion de ce désir, un projet de médiation culturelle a vu le jour. C’est ainsi que comédiens, metteure en scène et étudiants en arts plastiques et en art dramatique de secondaire IV de l’Académie Dunton ont échangé autour des thèmes abordés par la création du Théâtre du Frèt : la différence, le deuil, le courage de vivre sa propre destinée et les relations intergénérationnelles.  

Par la suite, en s’inspirant de ces échanges et accompagnés par les membres de la compagnie du Théâtre du Frèt, les étudiants en arts plastiques ont créé des masques, qui ont par la suite servis aux étudiants en art dramatique afin d’expérimenter le jeu masqué et écrire de courts monologues.

Comme une course de relais créative, le projet de médiation culturel a culminé par une représentation en toute intimité à la maison de la culture Mercier. Lors de cet événement, quelques textes écrits par les jeunes ont été interprétés par des comédiens professionnels plus âgés, soulignant ainsi l’aspect intergénérationnel de la création servant de fil conducteur au projet Catalina in Fine.

Voici quelques textes d’étudiants en art dramatique, qui se sont exprimés avec une sincérité touchante. Comme les expériences et les sujets abordés sont plutôt délicats, les textes sont anonymes.

Grand-père le sais tu, depuis que t’es parti maman elle est anéantie. Elle prend plus goût à la vie. Elle mange pas, elle boit pas, elle sourit pas, elle parle presque plus. Et tu sais à quel point elle aimait parler. Dès qu’elle commençait, elle s’arrêtait plus. 

Tu sais grand-papa, ta petite fille elle a grandi. Elle a fait des erreurs, mais elle a surtout appris. Le temps passe vite ici-bas, tu dois bien le savoir. Ça, c’est pour ça que je croque la vie. Oui, je croque la vie à pleines dents. 

Tu sais grand-papa, tu me manques donc pour te garder près de moi. Je continue à faire nos activités préférées. J’aime bien prendre la flûte traversière et jouer l’hymne à la joie. Je continue à jouer au basket, je pense que c’est ça que t’aimerais. C’était ton sport préféré. 

Et j’ai enfin décidé ce que je veux devenir plus tard, tu le crois toi? Je veux devenir infirmière pour aider et garder le moral des gens comme ils t’ont aidé toi. 

Ahhh… et j’ai failli oublier la raison première de ma lettre … Bonne fête à toi grand-papa, j’espère que tu t’amuses bien là-haut. 

De ta petite fille qui t’aime gros comme la terre xoxo

Je suis désolé, désolé pour ce que j’ai fait et commis, autant que je suis désolé pour le chagrin que j’ai causé, je n’arrive plus à avancer après ce que je t’ai fait, pourrais-tu un jour, me pardonner? 

C’est à tes côtés que je veux finir ma vie, C’est aussi avec toi que je veux compléter mon dini (religion, en arabe).Je t’en prie écoute moi une dernière fois. Il n’y a qu’à toi que je peux m’ouvrir. Malgré mon cœur glacé qui ne fond que pour toi, je ne suis pas un être indifférent. En revanche, j’agis ainsi pour te protéger toi, fleur fanée, emprisonnée dans mon cœur, du monde extérieur. Un monde qui a pour but ma faiblesse, ma peine, ma colère ainsi que ma fin.

Mais je crois désespérément qu’un instant, juste un instant, tu me regarderas à nouveau dans les yeux, avec cette brillance, aussi amoureuse que tu l’étais la première fois, aussi passionnée que tu avais promis d’être pour le restant de nos simples et éphémères vies, et que tu me redis à quel point tu m’aimes et tu tiens à moi. 

J’ai été celui qui a dépassé tes limites, qui a causé tes douleurs, qui a arraché la joie de ton esprit. Aussi généreux que je le suis, je n’ai pu repartir sans te laisser en désespoir et dépression. Je suis prête à brûler chaque partie de mon propre faible corps pour rallumer les flammes de notre ancien amour. « C’est jusqu’à ce que la mort nous sépare », tu m’avais promis. N’est-ce pas

Alors si dans ce monde, sur cette Terre, la vie nous a séparés. Je suis pardonnable ou pas Yaha?

Je n’ai pas vraiment d’idées. Non, non, je veux dire dans tout. Tout ce qu’on nous apprend à l’école, c’est pourquoi Jimmy a acheté 25 melons d’eau. 

On nous apprend pas à nous comprendre ou à comprendre les autres. Il faut l’apprendre par soi-même et des fois, même avec cette connaissance de soi, il est trop tard pour organiser notre futur. Comme je disais, je n’ai pas d’idées. 

Est-ce que je veux me perdre dans la jungle et découvrir des nations oubliées par le temps ou tout simplement boire du café derrière mon bureau adoré. Jamais je ne jugerai la profession d’un autre, il y en a tant, pour tous les goûts. Je me demande juste si j’ai des idées pour moi, pour mon avenir ou bien ce ne sont que des plans pour que mon portefeuille soit bien rempli. 

Toi, tu t’es pas posé de questions, tu as tout de suite sauté sur l’occasion. Mais en même temps qui ne rêverait pas de travailler de la maison se permettant de temps en temps d’explorer le monde sans se soucier de qui fera le souper? Je n’arrive pas à me décider, j’ai peur de rater, vais-je regretter? C’est peut-être ça, ma peur : le regret. Ce chagrin ressenti à la suite d’un choix ou d’une action qu’on regrette, qu’on souhaite n’y jamais avoir pensé. J’ai peur de mes choix, j’ai peur qu’ils me poignardent parce que j’aurai changé. J’ai peur qu’ils m’attristent. J’ai peur de mal choisir… 

Bon. C’est bien beau le pessimisme, si j’ai un jour des problèmes je verrai rendue là. Et à quoi bon te raconter tout ça, tu ne m’écoutes même pas, tu n’es qu’un chat.

« À chaque jour suffit sa peine » me disais-tu. Malgré tout, il y a des peines que le jour ne devrait pas apporter. Lorsqu’il y a trop de douleur, ce n’est plus la difficulté du jour, mais plutôt le tourment du crépuscule. Quand tu as décidé de me quitter, c’est exactement ce qui c’est produit.

J’ai passé à travers de nombreuses émotions négatives et instinctivement, on pourrait croire qu’elles étaient nécessaires à mon rétablissement, mais la désillusion est préférable à l’entretien d’idéalisations. En dépit de la réalité, certains pourchassaient la pensée qu’il y avait des étapes. Comme une procédure à suivre qui se conclurait par le retour à un bonheur futur, un bonheur dont tu ne ferais pas partie. D’une certaine manière, oui, il y a eu des étapes, mais le résultat est une dégradation constante et probablement sans fin. Une chute continuelle dont nul ne souhaite atteindre le fond, car on sait qu’on ne pourra pas remonter, mais dont on ne veut pas continuer non plus pour ne pas aggraver notre déclin. 

Comme tu le sais, les dernières nouvelles que j’ai eues de toi sont l’ultime message que j’ai reçu de ta part. Une simple phrase, quatre simples mots. « C’est la fin » me disaient-ils. Tu m’as laissé un dernier message, puis tu es disparu, comme si tu n’avais jamais existé. Lorsque j’ai compris ce que tu entendais par « la fin », j’ai voulu disparaître, m’enfuir, courir jusqu’à m’effondrer de fatigue, une fatigue telle que j’en arriverai à ne plus rien ressentir. Ni la peine, ni la douleur, ni le désespoir. Une fatigue qui pourrait me rapprocher de la mort, un état si simple à endurer, sans souffrance et sans tourment.

Pleurer est une vertu, un privilège que je ne possédais pas. La colère était plus accessible, plus invitante. Une colère contre toi, contre ta décision, contre ceux qui prétendaient que tout irait mieux, contre le monde entier, mais surtout, une colère contre moi. Une haine profonde, qui s’entremêlait à une répulsion de moi-même. 

Comment ce pouvait-il que je sois ici, alors que toi, tu n’y étais pas. Que je possède tant de choses alors que la seule que je voulais vraiment m’était inaccessible. Je me disais, me répétais que j’aurais pu agir, que j’aurais dû agir. Il paraissait sans importance de vouloir aller mieux, si profitable de rester renfermé dans ma tête à maudire tout le monde et à me mépriser sans retenue. 

Je considérais sans cesse que ton départ avait été de ma faute. Il devait être de ma faute. Si ce n’était ni une blague, ni un mirage, ni une erreur, ça ne pouvait être que de ma faute. Une tragédie vient toujours avec un coupable. Après tout, j’étais ici, sans toi. J’étais ici, mais tu n’y étais pas. Comment ne pas voir l’évidence lorsqu’elle se bouscule devant soi. Comment prétendre que quelqu’un d’autre est à blâmer alors que la culpabilité est ce que ton reflet te renvoi. J’aurai dû le savoir. Moi qui te voyais tous les jours, te parlais tous les jours, t’écoutais tous les jours, comment j’ai pu manquer ça. Ne pas voir ça venir, ne pas avoir compris. Et qu’à la fin je me retrouve devant les faits accomplis. Que lorsque j’ai reçu ton message et que tu ne me répondais pas par la suite. Que lorsque que j’ai accouru pour te retrouver. Que lorsque quelqu’un t’a trouvé et que je t’ai vu. Tu m’avais abandonné en t’enlevant, par ta propre décision, la nécessité de respirer, de battre des paupières, de pomper ton sang par le rythme de ton cœur. 

Quand toi, mon grand frère, tu as choisi de t’enlever la vie.

La maison de la culture Mercier tient à remercier l’engagement de Stéphanie Gauthier (enseignante en art dramatique à l’Académie Dunton), Amélie Bernard (enseignante en arts plastiques à l’Académie Dunton) et toute l’équipe de la compagnie du Théâtre du Frèt (Isabel Rancier, Vania Beaubien, Johanne Benoit et Alexandre L’Heureux). 

Ce projet est une initiative de la maison de la culture Mercier et est réalisé dans le cadre d’un projet de médiation culturelle bénéficiant du soutien financier de la Ville de Montréal et du ministère de la Culture et des Communications dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal.